Jour des morts à Michoacán

Jour des morts à Michoacán

En 2019, on a passé passé le Jour des Morts dans l’État du Michoacán au Mexique. Même si on est arrivés un peu tard (le 2 novembre alors que les festivités commencent dès le 28 octobre), ce fut une expérience magique avec du «ponche», des fleurs et beaucoup de «carnitas».

Tout d’abord, je vais t’expliquer un peu ce que c’est le «Día de Muertos» (ou le «Jour des morts» en français). Vu que je suis pas mexicaine, je ne connaissais pas cette ancienne tradition, mais ça a été trippant à découvrir.

Le but de cette célébration est de se souvenir de ceux et celles qui sont partis et qui sont maintenant dans l’au-delà. Un élément central du Jour des morts est l’autel. Il peut être fait à la maison avec la photo de la personne défunte, de l’encens, des aliments qu’elle aimait, des fleurs et des bougies. Certaines familles fabriquent des autels de sept étages, représentant les sept réincarnations pour s’améliorer en tant que personne. Le «papel picado» (littéralement «papier coupé» en français) est aussi un élément essentiel de la décoration. Ce sont de délicates bandes de papier coloré aux motifs différents: squelettes, têtes de morts, pain des morts… Elles sont littéralement accrochées partout.

Les tombes du panthéon (cimetière) sont également ornées de fleurs de cempasúchil et de bougies. Dans les villages, on ouvre les portes des maisons et les gens peuvent venir rendre visite aux défunts à l’autel. On offre de quoi manger et boire. C’est l’occasion de recevoir et de se souvenir des personnes qu’on aime et qui ne sont plus avec nous. J’adore le Jour des morts, parce que ça a pas le drame d’un enterrement. C’est une ambiance festive et joyeuse. L’idée n’est pas d’être déprimé par la perte de quelqu’un: c’est de s’en souvenir avec joie.

Une tombe ornée de fleurs de cempasúchil et de bougies


Pourquoi Michoacán?


On m’a souvent dit que les deux endroits les plus reconnus pour passer le Jour des morts au Mexique sont les États de Oaxaca et de Michoacán.

Comme la plupart des festivités se sont déroulées pendant la semaine en 2019, on a juste pu aller le samedi 2 novembre à Michoacán. Alors samedi, on a quitté Mexico City (appelée affectueusement «CDMX» par les locaux) pour aller à Morelia, la capitale du Michoacán. Si tu voyages depuis la CDMX, je te recommande de déjeuner à «La Marquesa». C’est sur le chemin et n’importe quel restaurant qui s’y trouve est un délice. Tu peux manger des tacos au chorizo ​​vert, des enchiladas avec de la «cecina» (fines tranches de bœuf salées et séchées au soleil), de la soupe aztèque, du fromage fondu au «huitlacoche» (connu comme le charbon du maïs au Québec), des œufs à la mexicaine, du «café de olla» (café avec de la cannelle et de la panela) et bien plus encore!

Certains disent que le Michoacán est dangereux, mais nos colocs qui viennent de là-bas (coucou Fran, Fer & Ángel!) nous ont dit que la zone rock ‘n’ roll est plus au sud. Pour ce qui est de Morelia, il faut juste prendre les précautions normales.

Depuis la CDMX, c’est 3h30 en auto. On a loué un AirBnb à Morelia dans une zone sécuritaire appelée «Altozano». Avant de continuer ta lecture, je voulais juste te dire d’un coup qu’on a adoré le Jour des morts à Michoacán. La décoration est spectaculaire et la nourriture est délicieuse!

Fromage fondu avec huitlacoche à La Marquesa
Littéralement n’importe quel resto est savoureux


Île de Janitzio dans le lac de Pátzcuaro


Le lac de Pátzcuaro est très célèbre pour le Jour des Morts, en particulier l’une de ses cinq îles appelée «Janitzio». La surface de l’eau est tellement grande que ça m’a rappelée un peu le Lac Atitlán au Guatemala.

Le village de Pátzcuaro, au bord du lac du même nom, est à une heure de Morelia. On est arrivés vers 17h30 et on a laissé l’auto dans un stationnement super méga étroit. Une chance qu’Arón est le meilleur conducteur que je connaisse, parce que moi j’aurais rayé le char certain!

De là, on pris un taxi jusqu’au lac. On a marché sur le bord des quais et on a essayé les «charales» frits avec de la sauce «valentina» (une sauce épicée du Mexique). Les charales sont de très petits poissons de la région. On les mange entiers avec leurs yeux pis toute, c’est savoureux!

Bateaux pour aller à l’île de Janitzio
Le coucher de soleil est super beau

Le billet pour le bateau aller-retour vers l’île de Janitzio coûte 70 pesos (4,66 CAD$) par personne. Il faut calculer une bonne demi-heure pour y arriver! Une fois sur l’île, on a vu qu’il y avait des «voladores de Papantla» de l’État de Veracruz. Ce sont des artistes très connus: ils grimpent en haut d’un gigantesque bâton pis ils se pitchent dans les airs attachés à une corde, on dirait qu’ils volent! D’habitude, on leur achète toujours de la vanille fraîche en bâtons vu que c’est un produit typique de Veracruz. Mais quand on est allés les voir, turns out qu’ils avaient juste du concentré comme à l’épicerie!

Là, j’ai dit «c’est dont bin bizarre, comment ça?». Ils m’ont expliqué qu’à cause des sécheresses de cette année, y’a maintenant une pénurie de vanille et que le kilo de vanille fraîche en bâtons a beaucoup augmenté. Ils disent que ça coûte maintenant 15 000 pesos (environ 1 000 CAD$)! C’est super cher! Le bâton qui, dans la capitale, était vendu 50 pesos (3,33 CAD$) en vaut maintenant 200 (13,33 CAD$). Ils m’ont aussi dit que la vanille était volée dans les champs et qu’il y avait même des cas d’enlèvements, comme ça vaut beaucoup d’argent! C’est fou!

Après cette mini aventure, on a décidé de se promener sur l’île de Janitzio. Si je suis 100% honnête avec toi, j’ai trouvé ça trop touristique. On a marché un peu dans les ruelles étroites et on est montés au panthéon situé au milieu de la montagne. Y’avait tellement, mais tellement de monde qu’on pouvait à peine marcher. Mais je dois dire que les tombes étaient très belles, décorées avec plein de fleurs de cempasúchil. Le mot «cempasúchil» vient de la langue náhuatl et signifie «fleur à vingt pétales». Comme je l’ai mentionné précédemment, on les répand sur les tombes avec les bougies et la nourriture que la personne défunte aimait.

On a fait un autre petit tour de l’île, bu du «ponche» avec de la canne à sucre pis on est retournés au village de Pátzcuaro en bateau. Le «ponche» est une boisson chaude avec des morceaux de fruits et des bâtons de canne à sucre pour mordiller. C’est full bon et ça se boit aussi dans le temps de Noël au Mexique.

J’ai aimé ça voir l’île, mais je sais pas si j’y retournerais. C’est trop touristique à mon goût. Toutefois, je dois dire qu’on a manqué le highlight de la place: la traditionnelle procession du 1er novembre. Mais bon, peut-être que dans un futur je pourrai y aller? J’espère que oui!

L’île de Janitzio au loin
Voilà à quoi ressemble le panthéon… Scusez pour la photo floue, mais au moins ça te donne une idée!
Je te recommande de boire un délicieux ponche (en vente pas mal partout)


Le village de Pátzcuaro


Une fois de retour dans le village de Pátzcuaro, on a soupé dans les stands du centre-ville (ou centre-village, hihi?). Comme plein de personnes nous avaient recommandé les enchiladas, on les as cherchées pis trouvées! On a bien ri, parce que le gars qui avait le stand d’enchiladas était… le même qui nous avait montré le stationnement!

J’ai commandé un «pozole», parce que j’avais le goût d’une soupe chaude pis parce que j’avais jamais mangé la variété rouge. J’avais juste essayé que le blanc et le vert. Je pense que mes préférés, par ordre de préférence, sont d’abord le pozole blanc, puis le rouge et enfin le vert. Le pozole est une soupe typique du mois de septembre, le mois de l’Indépendance mexicaine, et elle contient de grains de maïs gigantesques d’une variété appelée «cacahuazintle». La légende raconte que les Aztèques préparaient le pozole avec de la viande d’humains! Ouh, ouh!

Pendant le souper, je me suis sentie full inspirée. Y’avait quatre grand-mamans assises avec nous (des vraies grand-mamans de 85 ans). Elles nous ont raconté qu’elle partent toujours ensembles en voyage en autobus «parce qu’elles ont encore l’énergie pour le faire». Wow! J’ai trouvé mes role models dans la vie. Elles venaient de la ville de Guadalajara et avaient plein d’histoires folles (genre de boire un peu trop d’alcool avec des mariachis à l’aube). Omg, pour vrai, moi aussi je veux voyager de même quand je serai vieille. Je m’imagine en train d’écrire mon blog avec une canne pis en train de prendre des photos floues à cause de la tremblotte, hahaha!

Après avoir mangé, on a marché un peu dans la place centrale de Pátzcuaro. Y’avait des offrandes full belles pis de la musique live. Mais on est partis assez vite, parce que le stationnement était sur le point de fermer. Honnêtement, je te dirais que j’ai plus aimé le village de Pátzcuaro que l’île de Janitzio!


Panthéons comme ceux de Coco


On roulait depuis environ une demi-heure déjà pour rentrer à Morelia, quand tout à coup on a vu des lumières sur le bord de la route! C’était un panthéon comme dans le film de Coco! Oh, wow! Arón s’est reviré de bord pis on a arrêté pour explorer!

C’était d’une beauté absolue, assurément dans le top 5 des plus belles choses que j’ai vues de ma vie! Rien à envier à Coco! C’était incroyable!

Y’avait d’autres autos d’arrêtées et des gens dans le panthéon, mais l’atmosphère était calme et joyeuse. Comme je te disais, les gens vont pas là pour brailler! Absolument toutes les tombes étaient couvertes de pétales ou de fleurs de cempasúchil, de bougies, de fleurs, des choses que le ou la défunte aimait… Très, très beau. Même si c’était un cimetière modeste (très peu de tombes avaient des pierres tombales), on pouvait voir que tout était très bien entretenu et décoré.

Voici un fait cocasse sur le Jour des morts pour ta culture générale! Normalement, de la nuit du 1er au 2 novembre, les proches vont au panthéon, y passent la nuit et mangent à la tombe. On dit que les morts arrivent à l’aube, donc on peut dire qu’ils mangent tous «ensemble». Mais savais-tu que les célébrations commencent dès le 28 octobre? Chaque jour est dédié à des morts différentes:

  • 28 octobre: ​​pour les personnes mortes violemment
  • 29 octobre: ​​pour les personnes mortes noyées
  • 30 octobre: ​​pour les âmes solitaires ou oubliées
  • 31 octobre: ​​pour les enfants dans les limbes
  • 1er novembre: pour les personnes mortes pendant l’enfance
  • 2 novembre: pour les adultes décédés

En tout cas, on est allés faire dodo très heureux! C’était vraiment incroyable de voir le panthéon décoré pour l’occasion pendant la nuit!


«Carnitas» de Quiroga


Le dimanche 3 novembre, on s’est réveillés pis on est allés dans le village de Quiroga (recommandé par nos colocs). Les «carnitas», qui sont l’un des plats préférés d’Arón, sont originaires de là. Miam!

Les carnitas sont du porc frit dans son saindoux. Il peut y avoir différents ingrédients pour l’assaisonnement, mais à Quiroga, ils mettent du sel tout simplement. La viande est cuite dans d’immenses chaudrons et mangée dans des tacos.

Comme le village est aussi au bord du lac de Pátzcuaro, ça a pris une heure de route depuis Morelia. On est arrivés à midi pis on a marché vers le parc central, où sont placés tous les stands de carnitas. Ça sent tellement bon! La madame du parking nous a recommandé un endroit, les «Carnitas Ayala», mais impossible de les trouver. Je suppose qu’ils avaient déjà tout vendu.

J’aime ça quand y’a plein de stands de nourriture, parce qu’on peut se promener et avoir plein de tacos d’essai gratuits à savourer. On a donc goûté deux taquitos et on a décidé d’acheter un demi-kilo de carnitas avec tortillas, salsa, haricots et guacamole pour 180 pesos (12 CAD$). Ils nous ont donné une table pour nous asseoir et on a déguster notre dîner. Si un jour t’as la chance d’aller à Quiroga pour manger des carnitas, vas-y! Bien sûr, on s’entend que ça ne convient pas aux végétariens!

Avant de partir, on a fait un peu le tour de la place, vu leur belle offrande, leur artisanat pis babaye!

Miam!
Comme le dit Arón, la saveur est dans le gras
Toute la rue principale est pleine de carnitas
Les différents stands donnent des tacos d’essai gratuits
Le kiosque du village a aussi été décoré


Tzintzuntzan, monde de paille


Après Quiroga, on a décidé de nous rendre dans un autre village recommandé par nos colocs: Tzintzuntzan (qui signifie «la place des colibris»).

Ça nous a pris une demi-heure pour y arriver, comme c’est aussi situé au bord du lac de Pátzcuaro. Tout était très décoré pour le Jour des morts et on a adoré. La spécialité de l’endroit est l’artisanat de paille tissée et ils font des choses vraiment spectaculaires. Moi qui m’y connaît un peu en vannerie, j’ai été impressionné par la complexité de leurs oeuvres.

On a aussi visité le panthéon du village. Comme il avait beaucoup plu dans la nuit du 1 au 2, le sol était très boueux. Les gens nous ont dit que la pluie avait tombé si fort qu’ils avaient dû retirer certaines offrandes et partir!

Après avoir vu l’artisanat de paille, on a décidé de se rendre sur le site archéologique de Tzintzuntzan. C’est littéralement à 500 mètres du village et, comme c’était un dimanche, l’entrée était gratuite. J’ai trippé. Évidemment, on s’entend que c’est pas aussi impressionnant que Teotihuacán, mais c’était spécial quand même vu que les ruines d’ici sont rondes. La culture qui y vivait s’appelait les «purépechas».

Y’a deux théories pour expliquer la chute de l’empire Purépecha. La première est qu’il y a eu une sécheresse qui les a forcés à partir. La deuxième est que, avec l’arrivée des Espagnols, beaucoup sont partis dans d’autres villages. Ce qu’on sait avec certitude, par contre, c’est que le chef des Purépechas a été assassiné par les Espagnols lors de la Conquête et que ça a contribué à la chute de son empire.

On a adoré Tzintzuntzan, je te le recommande à 100%.

Une diversité impressionnante de produits en paille
Les éventails de paille pour allumer le feu sont super!
L’entrée du panthéon
J’aime le mot «paix» sur cette photo
Et j’aime les fleurs de cempasúchil
Les abeilles aiment aussi les têtes de morts en sucre!


Morelia, capitale de Michoacán


Le soir, on a décidé de visiter le centre-ville de Morelia. La ville est connue pour diverses choses, dont le célèbre Festival international du film de Morelia. On a visité le marché artisanal et Arón a acheté les têtes de morts en sucre qu’il aime tant. Ces têtes de morts sont une bonne dose de glucides dans ton système et elles ne se vendent qu’en octobre. On peut les manger ou les placer sur l’autel en offrande. Mon chum dit toujours qu’après que la nuit passe et que les morts viennent leur rendre visite du 1 au 2, elles n’ont plus le même goût.

Ensuite, on a visité la cathédrale. Elle est gigantesque! On a mangé des «esquites» typiques de Morelia. Les esquites sont des grains de maïs bouillis et servis avec du sel, de la mayonnaise, du fromage, du chile et du citron. À Morelia, on les sert de façon plus spéciale, parce qu’ils contiennent en plus des tortillas frites et un grand choix de salsa! Une collation délicieuse! Ceux qu’on a mangé se trouvaient dans la Cerrada de San Agustín.

Le lundi 4 novembre, on est allés déjeuner au centre-ville. Ils démontaient déjà toutes les offrandes et les monuments de cempasúchil! On a essayé plusieurs stands de bouffe à deux rues de la Cerrada de San Agustín. On a d’abord goûté aux délicieux tacos de «birria» (ragoût de viande). Mention spéciale aux tortillas du Michoacán, qui sont très douces. Je te suggère aussi de goûter aux «consomés» (bouillons) et aux jus de fruits, appelés «aguas». On a aussi goûté à des quesadillas au poulet vert et on a terminé avec… des tacos de tête!

Oui, oui, des tacos de tête!

Comme tu pourras te l’imaginer, ces tacos contiennent des morceaux de la tête de l’animal, incluant le cerveau. Ça a un goût un peu différent de la «maciza» (viande sans gras servie en tacos) et c’est beaucoup plus riche. Je te le recommanderais, pour vrai. Le consomé de tête était aussi savoureux et vraiment pas cher.

Avant de partir, on a essayé des popsicles farcis de mûres, d’ananas et de lait de noix de coco. On est ensuite partis de Morelia en début d’après-midi pour arriver tôt à la CDMX (c’est mieux voyager de jour). N’oublie pas que ça prend environ trois heures et demie de route.

Concours de têtes de morts à Morelia
Comme on mange délicieux à Michoacán!


Je veux y retourner!


Comme tu peux le constater, le Jour des morts à Michoacán était full le fun! On s’entend qu’il y a mille autres choses à voir, donc c’est sûr que revenir fait partie de mes projets. J’aimerais visiter d’autres villages et essayer plus de plats typiques. Legit toutes les personnes du Michoacán que je connais cuisinent comme des dieux (je pense ici en particulier à mes amis Fer & Fran).

Si tu prévois de voyager au Mexique, essaie de coïncider tes dates avec celles du Jour des morts (28 octobre au 2 novembre). C’est une tradition magique qui illustre très bien le syncrétisme de la religion catholique et des rituels païens. L’autel est un mélange intéressant d’images de la Vierge Marie, de signes de croix et de croyances préhispaniques de l’au-delà. Je trouve que c’est un excellent exemple d’intégration de différents systèmes de croyances qui ont réussi à vivre ensemble en paix.

Pour conclure, comme le dit si bien Arón: «La seule chose sûre qu’on a dans la vie, c’est la mort». Alors profitons-en (de la vie on s’entend, hahaha)!

Pour plus de conseils sur quoi faire au Mexique, tu peux voir mes articles sur l’État de Hidalgo ou sur le village magique de Zacatlán de las Manzanas.



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