Internet en région: enjeux et problématiques

Internet en région: enjeux et problématiques

Les problèmes d’accès à l’Internet en région ne datent pas d’hier… Mais avec la crise du coronavirus, les conséquences en sont décuplées.

Bienvenue à ma MINUTE DE CHIÂLAGE (fondée) de la semaine.


Il était une fois mon rang de campagne…


Tingwick, on s’entend que c’est pas bin bin connu de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Aux douanes, je me fais souvent dire «kessé ça, Tinouik, ça existe?». Bon, mon adresse apparaît pas encore sur Google Maps, mais je vous jure que ma maison existe. Les ambulanciers se sont perdus une fois en venant chez nous, mais ça c’est une autre histoire.

Vu qu’on est pas la métropole, bin mon village est probablement dernier dans la liste de priorités du gouvernement. Mais, eille! Selon le recensement de 2016, on était encore 1410 âmes dans ce coin perdu des Bois-Francs. En passant, mon p’tit village est magnifique pis le monde est fin, viens nous visiter pendant la Balade Gourmande! #tingwicklover

Revenons à nos oignons… Il faut savoir qu’il y a Internet haute vitesse au village, mais que ça ne se rend pas jusqu’aux fonds de campagne. Dans mon rang, par exemple, y’a juste une compagnie qui offre Internet. C’est Télébec pis ils nous chargent 115$ par mois pour de la basse vitesse sans aucun autre avantage (pas de câble ou de téléphone interurbain inclus là-dedans). C’est très cher pour ce que c’est et ça bug tout le temps. Bien entendu, les prix augmentent à chaque année à cause de l’inflation, mais pas de danger que la qualité de la connexion suive le pas. Faque la vie de Netflix & Chill, bin je vous annonce que c’est pas pour moi.


Les impacts du confinement


L’histoire de la mauvaise connexion dure depuis des années. Ça, tout le monde le sait. Mais la crise du #coronavirus a vraiment décuplé la problématique.

Du point de vue professionnel, bin je vous annonce que c’est pas possible de faire du télétravail avec une connexion pourrie.

Du point de vue scolaire, bin c’est pas possible non plus de suivre des cours à distance. Les vidéos buggent tout le temps pis les documents sont souvent trop lourds à télécharger. Ma p’tite soeur du secondaire, par exemple, peut pas faire ses exercices sur écoleouverte.ca. On a essayé pis toute plante. Elle est inscrite sur la liste pour les fameux iPads connectés promis par le gouvernement, mais on a pas eu de nouvelles encore. Faque en attendant, bin elle ira à l’école de la vie pis on la fera désherber les bleuets.

J’imagine que la nuit, quand personne est connecté, ça pourrait marcher. Mais come on là! Étudier de 2 à 6am, c’est pas gagnant! Faque j’ai décidé de prendre les choses en mains. J’ai contacté tout le monde concerné et voici mes résultats.


Les 12 travaux d’Astérix


Y’a quatre grands acteurs concernant la fibre optique en campagne: la municipalité de Tingwick, la MRC d’Arthabaska, le député provincial et le député fédéral.

J’ai d’abord écrit au député de Drummond Bois-Francs, monsieur Sébastien Schneeberger de la CAQ. Le titre de mon courriel du 6 avril était «Internet pourri en région». J’y déplorais notre connexion et demandais des engagements concrets de la part du gouvernement.

J’ai eu une réponse le lendemain (très rapide, je dois dire) de son collègue, M. Gaston Stratford. En voici un extrait: «Le gouvernement a d’ailleurs annoncé à l’automne 2019 une nouvelle enveloppe de 100 millions de dollars pour permettre l’accès à Internet haute vitesse dans près de 70 000 foyers. Le nouveau programme mis en place, appelé Régions branchées, vise à soutenir des initiatives d’infrastructures numériques dans les régions. De plus, le gouvernement a comme objectif de desservir 110 000 des 340 000 foyers québécois non connectés d’ici 2022, grâce à un autre programme nommé Québec branché. Au total, il investit plus de 400 millions de dollars afin d’arriver à une bonne couverture dans l’ensemble des municipalités, y compris la vôtre

Bon. On pourrait dire que c’est quand même une bonne nouvelle, mais avec le contexte de la pandémie, Québec branché pour 2022 me semble ô combien loin. Pis entre toi pis moi, j’espère que ça se fera avant les élections provinciales de 2022 et que ça deviendra pas une autre promesse de campagne électorale. Parce que quand les bottines doivent suivre les babines (merci maman pour l’expression), tout à coup il reste souvent plus de budget.

S’en est suivi une conversation téléphonique avec M. Stratford qui m’a garanti que M. Schneeberger était au fait de la situation. Il m’a ensuite conseillé d’écrire au député fédéral, à la MRC et à la municipalité pour les informer de la situation. Ce que j’ai fait.


D’un point de vue local


Dans un courriel détaillé (parce que #confinement), j’ai expliqué à la municipalité et à la MRC la situation des rangs de campagne. Pour vrai, je vais le dire tout de suite, la connexion de la fibre optique est pas mal hors de leur contrôle tant que le gouvernement lâchera pas des subventions. Ils et elles font vraiment leur gros possible.

J’ai donc eu quelques échanges avec la municipalité de Tingwick qui ont confirmé ce que je savais déjà. Soit qu’il y a eu quelques tentatives d’installer la fibre optique sur le territoire, mais qu’aucune ne fût fructueuse dû au manque de subventions gouvernementales. La municipalité tente depuis plusieurs années de trouver une solution, mais c’est sûr que sans le budget nécessaire, bin y’a pas grand chose qu’on puisse faire.

J’ai aussi parlé à M. Frédérick Michaud de la MRC d’Arthabaska, qui est très proactif sur le sujet. Voici un extrait de notre correspondance pour te donner une idée du travail fait: «La MRC avait élaborée en 2017-2018 un projet de construction d’une fibre optique qui aurait permis de relier l’ensemble des citoyens de la MRC. Ce projet avait été élaboré en prévision des appels de projets que les gouvernements provinciaux et fédéraux avaient annoncés à cet époque. Or, en début 2019, les deux paliers de gouvernement ont alors annoncé que les municipalités et MRC ne seraient pas admissibles aux appels de projets à venir (…) nous sommes, comme vous, toujours en attente des annonces promises par les gouvernement provinciaux et fédéraux».

Qu’est-ce qu’il faut donc retenir de ça? Que la question de la fibre optique dépend de la volonté politique du gouvernement à régler le problème.


Pis le fédéral, là-dedans?


J’ai aussi écrit au député de Richmond-Arthabaska, M. Alain Rayes du parti conservateur. Mon courriel date du 7 avril et, à ce jour, je n’ai toujours pas reçu de réponse.

J’ai donc choisi de l’interpeller par Twitter afin d’attirer son attention. Ce n’est qu’avec mon quatrième tweet qu’il a enfin échangé quelques mots avec moi:

Depuis, je l’ai relancé quatre fois. C’est le grand silence…


J’suis écoeurée des réponses de politiciens


Bref, comme on dit chez nous, on est pas encore sortis du bois!

Clairement la connexion des rangs n’est pas dans les priorités gouvernementales. À force d’annoncer et de retirer les subventions promises, c’est rendu comme le conte de Pierre et le loup. On croit plus rien. Le jour où la fibre optique sera installée pour vrai, ce sera dans la semaine des quatre jeudis.

D’ici là, bin je vais continuer à mettre de la pression. Parce que qui ne demande rien n’a rien. Et parce qu’il est impératif que le gouvernement débloque des subventions au plus vite pour connecter tout le monde en campagne. Rappelons-nous qu’il y a encore 340 000 foyers québécois non connectés et que cette situation ne se limite pas juste à Tingwick. Avec la crise du coronavirus, l’installation de la fibre optique doit être prioritaire afin que les gens puissent faire du télétravail et que les jeunes puissent compléter leurs cours à distance.

En conclusion, le député provincial et son équipe m’ont assuré qu’ils travaillaient sur le dossier, mais ce ne sera pas suffisant s’ils sont les seuls intéressés au niveau politique. Il faut donc continuer nos efforts pour que les autres acteurs gouvernementaux s’en mêlent et qu’on ait des résultats concrets.


*Si tu veux te joindre aux efforts de revendication, tu peux écrire aux bureaux des députés.
M. Sébastien Schneeberger: Sebastien.Schneeberger.DRUM@assnat.qc.ca
M. Alain Rayes: Alain.Rayes@parl.gc.ca


*Crédit photo: Arón Luckie



Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *